!! Quelques mots pour tordre le coup à des idées reçues !!
Compte tenu de la complexité du rapport et de ses critiques, j'ai choisi de ne pas y faire mention dans mon livre : j'ai pensé que je pouvais épargner au parent et lecteur ce rapport qui n'apporte rien de plus par rapport aux travaux précédemment réalisés sur ce sujet. Toutefois la mise en ligne dernièrement d'un site sur les couches jetables qui vante cette étude m'a conduite à vous livrer cette petite mise au point : bonne lecture !
Analyse du cycle de vie des couches jetables et des couches lavables au Royaume-Uni.
En mai 2005, L'agence Environnementale Britannique a publié un rapport concernant une étude menée en 2000 et 2001. Son objectif était d'analyser les impacts sur l'environnement des couches jetables d'une part et d'autre part, des couches lavables. La conclusion de cette étude est qu'il n'existe pas de différences significatives entre les couches jetables et les couches lavables en terme d'impacts sur l'environnement.
tout d'abord quelques liens : pour le lire le rapport en entier et en anglais (of course), pour lire les conclusions et le résumé du rapport.
En Grande-Bretagne, de nombreuses associations ont dénoncé ce rapport et en particulier les méthodes selon lesquelles l'étude a été menée.
L'avis du Women Environmental Network (WEN) en est un exemple bien argumenté : vous retrouverez l'intégralité des propos du WEN ainsi que leurs données sur leur site: http://www.wen.org.uk/general_pages/Newsitems/ms_LCA19.5.05.htm.
Pour l'association de promotion des couches lavables Bulle de Coton, et pour la rédaction de mon livre, j'en ai fait une traduction et je suis allée un petit peu plus loin dans les critiques :
Le rapport de l'Agence Environnementale Britannique sur les couches pour enfants est sérieusement criticable.
Une longue et couteuse étude, comparant les impacts sur l'environnement des couches jetables et des couches lavables s'avère finalement très discutable, selon le Women’s Environmental Network (WEN).
L'Analyse du Cycle de Vie (ACV) faite par l'Agence Environnementale Britannique a duré quatre ans et a coûté plus de 200,000 £ (plus de 275 000 €) ; Elle conclut qu'il n'y a «aucune différence significative entre les changes jetables et les changes lavables en matière d'impacts environnementaux». Mais cette conclusion se base sur des données de mauvaise qualité et par conséquent s'égare dans ses conclusions.
"Cette ACV est le rendez-vous manqué pour clore le débat qui oppose les couches sur le terrain de l'écologie" dit Ann Link du WEN'S. Elle dit ce que la plupart des autres ACV ont dit auparavant : ces deux systèmes utilisent des quantités d'énergie semblables mais le système jetable utilise plus de matières premières et rejette plus de déchets. Mais elle s'égare dans ses conclusions. Car même dans son imperfection actuelle, elle montre que les parents qui utilisent des couches en tissu rejetent moins de déchets, sans pour autant que leur lavage soit plus responsable du réchauffement climatique que les couches jetables.
"Les plus grands impacts identifiés sont tous en lien avec la production et l'utilisation d'énergie - l'épuisement des ressources inertes (l'utilisation de combustibles fossiles), le réchauffement climatique et l'acidification - encore que si les parents utilisent 24 couches et suivent les instructions des fabricants c'est-à-dire de laver à 60C° au moyen d'une machine à laver classée A, leur impact sur le réchauffement climatique serait environ 24 % moindre que ce que le rapport prétend."
L'ACV mesure l'impact sur l'environnement de couches lavables et jetables depuis l'origine des matières premières (par exemple le charbon, les arbres ou les plantations de coton) en passant par les procédés de fabrication jusqu'à leur utilisation, leur destruction et les émissions (par exemple le CO2) dans l'environnement.
Les données clés dont découlent les hypothèses faites par cette étude sont dans de nombreux cas insatisfaisantes. Le rapport lui-même ne cesse de souligner que ces hypothèses peuvent aboutir à un haut niveau d'incertitude concernant le systèmes de couches lavables. Il admet volontiers que la quantité des analyses et la qualité des résultats obtenus pourraient être améliorées, si un plus grand échantillon de parents avait été interrogé et en cernant mieux les questions.
Plus de 2000 parents utilisant des couches jetables ont été interrogés pour cette étude. A contrario, la plupart des résultats de la partie portant sur les couches lavables se base sur un échantillon de 117 parents, et au final seulement 32 du fait qu'il a été décidé de ne tenir compte que d'un seul modèle de couche (langes d'éponge de coton). Il en résulte parfois que seulement 2 réponses furent utilisées pour certaines hypothèses clés.
Cette étude donne peu de conseils utiles aux parents et en déroutera plus d'un.
Le système des couches lavables dispose d'un énorme potentiel d'amélioration dans ses performances environnementales. L'étude y fait allusion sans le mettre vraiment en évidence. Aucune recommandation sur les pratiques permettant de réduire l'impact environnemental n'a été donnée à destination du grand public. Le WEN a constaté qu'une réduction de 17 % des impacts du réchauffement climatique pouvait être réalisée en utilisant un lave-linge de classe A et en suivant les instructions d'entretien des fabricants qui recommandent un lavage à 60°C. L'usage d'une machine à laver de type A est depuis 2005 largement répandue et beaucoup d'utilisateurs de couches lavables réalisent donc déjà cette économie écologique. De plus les parents n'ont réellement besoin que de 24 couches (et non de 47 comme le prétend le LCA), ce qui conduit à une réduction supplémentaire de 6,9% des impacts du réchauffement climatique.
Si le WEN salue la volonté de l'Agence environnementale de produire plus d'études en rapport avec ce sujet, il apparait urgent de les mettre à jour au regard des nouvelles technologies et des nouveaux produits qui sont apparus sur le marché.
Les couches jetables représentent par produit la part la plus importante des déchets ménagers. Alors que la quantité de déchets ne cesse de croître, les directives de L'Union Européenne demande une réduction de 35% des déchets biodégradables sur les 25 prochaines années.
Elizabeth Hartigan, le coordinateur du « WEN's real nappy project » l'affirme : «utiliser des couches lavables rend les parents plus responsables. Avec de bonnes habitudes de lavage, les parents peuvent diminuer l'impact écologique des couches de leur bébé, réduire leur production et déchets et économiser de l'argent».
L'APCL Bulle De Coton et moi-même partageons l'opinion du WEN sur l'ACV de l'Agence environnemental britannique.
Nous tenons cependant à préciser certains points et à aller plus loin dans les remarques faites au sujet de ce rapport, compte tenu de la spécificité du cas français :
Les sociétés de location et d'entretien de couches lavables sont aujourd'hui marginales en France (3 entreprises recensées sur le territoire nationale) ; L'entretien des couches lavables relève donc principalement des parents qui les utilisent pour leurs enfants.
La majorité des usines de fabrication de couches jetables est implantée hors du territoire français, d'où un impact plus fort du transport pour l'approvisionnement des centres de distribution sur l'environnement.
Le système retenu comme mode de change lavable (terry towelling nappies c'est-à-dire l'équivalent des langes en France) est révolu et très peu répandu en France ; les modèles les plus utilisés sont le système couche + culotte ou couche tout-en-un. Ce sont des modèles plus fiables quant aux fuites, qui amènent les parents à changer moins souvent leurs enfants et donc à réduire le nombre de lessives. Nous confirmons que le nombre de 47 changes est aberrant : il est recommandé aux parents d'acheter une vingtaine de couches, une trentaine tout au plus. Pour 24 heures, 5 à 6 couches sont nécessaires.
Nous déplorons qu'il ne soit pas mentionné dans le rapport l'existence d'autres matières premières qui servent à la fabrication des couches lavables et qui peuvent être plus intéressantes sur le plan écologique. En France, les couches en tissu à base de bambou, en chanvre et en coton biologique sont très répandues. Ces nouvelles matières ont révolutionné le change lavable en réduisant la quantité de matière nécessaire à la confection d'une couche à absorption égale d'une part, mais aussi en proposant des alternatives au coton blanchi au chlore, source de pollution.
Enfin nous trouvons regrettables qu'il ne soit pas fait mention du problème du rejet des polluants dans l'atmosphère qui découlent de l'incinération des couches jetables. En France, les autorités sanitaires ont depuis longtemps alerté sur les dangers des dioxines qui proviennent de l'incinération des déchets et qui sont le lien directe avec la multiplication des cancers, touchant sans distinction d'âge ou de sexe la population française. L'espèce humaine fait partie de l'écosystème au même titre que les autres espèces animales et végétales. Il est dommage que ce rapport ne mentionne pas les éventuels risques sanitaires que chaque mode de change fait courir à la population.
Comme le WEN, nous profitons de ce rapport pour renouveler les conseils d'achat et d'entretien des couches lavables dans le but de réduire l'impact écologique de celles-ci :
choisir des détergents écologiques pour le lavage des couches.
Avoir un lave-linge classé A (voire A + c'est encore mieux) vous assure un lavage et un essorage écologique et économique.
Laver à 40°C au lieu de 60°C.
Se dispenser de l'utilisation du sèche-linge.
Préférer le stockage à sec des couches au trempage qui utilise beaucoup d'eau et qui est plus hygiénique.
Bannir l'usage de l'adoucissant (assouplissant) pour l'entretien des couches lavables.
Préférer l'achat de couches en tissus biologiques.
Privilégier l'achat à proximité de chez soi ou si on commande à distance, grouper ses achats.
Christelle BENEYTOUT
et si vous avez des questions, envoyez moi un petit message !